mardi 17 juin 2008

Pages d'Amitié


L'Amitié est l'un des plus beaux sentiments humains qui existent. C'est (ou ça devrait être, nul n'est parfait...) l'un des points forts de notre Mouvement.
La vraie Amitié, c'est comme une petite étincelle de l'Amour du Bon Dieu pour nous, à la mesure de Ses créatures; un tel sentiment, si beau, si grand, si pur, fait honneur à celui qui l'offre comme à celui qui le reçoit.


"Les Amitiés sont spécialement le délice de la Jeunesse. Ce sont des affections librement choisies et offertes, fondées sur des affinités secrètes, qui à la fois nous révèlent à nous-même et nous ouvrent à la connaissance des autres. Les vrais amitiés ignorent les jalousies; elle sont à la fois un lien très léger et très fort, gagnant en profondeur et en délicatesse ce qu'elles perdent en expression passionnée. Les amitiés nouées dans la jeunesse sont souvent durables et font le charme de toute une vie...
La jeunesse est l'âge où l'on a le plus de temps et de liberté à consacrer à l'amitié, n'étant pas encore pris par les responsabilités et les soucis; c'est l'âge où l'on sent le prix du moindre témoignage de sympathie, où l'on est sensible au moindre souffle d'amitié, émerveillé d'être l'objet d'une préférence, prêt à tous les dévouements.
C'est une chose merveilleuse que de communier par la sympathie avec un autre être. La qualité de cette influence mutuelle fait la valeur d'une amitié. Un premier signe que votre amitié est bonne, c'est qu'elle vous élève et vous améliore, c'est que vous sortez d'une conversation avec votre ami réconforté, enrichi de quelque façon. Deux amis doivent mettre en commun ce qu'ils ont de meilleur.
L'amitié n'est pas seulement une douceur, elle est un facteur très important dans l'orientation d'une vie. Nos amis nous influencent peut-être plus que nos parents ou nos maîtres. Nous pouvons leur parler librement, nous n'avons pas envers eux cette défense instinctive que l'on a envers ceux qui représentent l'autorité.
Une bonne amitié ne sépare pas. Préférer un ami, ce n'est pas oublier tous les autres, s'isoler, devenir indifférent aux autres. Une amitié véritable nous libère et nous inspire des sentiments généreux; elle dilate le cœur. "

M. Daniélou
(extrait du Livre de Sagesse, éd. BLOUD)


Les romans scouts des collections Signe de Piste sont souvent illuminés d'amitiés merveilleuses: celle du Prince Eric et de Christian d'Ancourt en est l'emblème parmi tant d'autres... Aujourd'hui, parlons par exemple de Ni l'un ni l'autre, un roman de Claude Préryme (coll. Jamboree n° 34).

Dans un lycée parisien, depuis la rentrée, Jacques a remarqué l'animosité active manifestée par Claude contre Dominique, qui se défend à peine. Il cherche à comprendre, et se rapproche de la "victime" apparente, Dominique, puis de Claude. Un soir, Dominique a invité Jacques à dîner en tête-à-tête :

DOMINIQUE. - Mes parents s'étonnent toujours que je n'aie pas de camarade. Avant, Claude venait...
- Vous étiez très liés ?
- Oui, fit-il franchement.
[ Le même soir, Dominique repense à un passé récent, à Claude... ]
Comme Claude doit être malheureux. Rien n'a dû s'arranger chez lui, ce doit être pire, puisque lui Dominique n'est plus là...
A-t-il choisi la bonne solution ? Claude pouvait-il être plus seul qu'il ne l'était déjà ?...

[...] Le mystère Dominique - Claude est trop fort pour Jacques. Il eût fallu être aveugle pour ne pas voir le désarroi de Claude quand il lui a proposé de monter chez Dominique. Et Dominique l'autre jour : Il n'est pas très heureux chez lui...
Quelque grave qu'ait pu être leur différend, Jacques est maintenant certain qu'il suffirait de peu de chose pour tout remettre en ordre.
Mais quel drame a pu les séparer sans les jeter l'un contre l'autre ? Lequel fera le premier pas ? Claude, si fier qu'il cache sa détresse à tous ? Dominique ?...
- Pourtant, ça vaudrait le coup de recoller les morceaux...

[...] Une fois de plus, Dominique se demande si la solution qu'il a choisie était la bonne. Claude a perdu la seule amitié qu'il ait connue. Depuis, son attitude n'a fait que les séparer davantage.
Peut-être Claude cherche-t-il à retrouver cette amitié perdue au travers de Jacques ?
[La nuit. Dominique n'arrive pas à dormir. Il évoque le souvenir des dernières Grandes Vacances, avec Claude... ]
C'était vraiment miraculeux. Eux qui, à Paris, en dehors de leur famille, ne se quittaient pas, avaient conjugué leurs efforts pour que leurs parents décident de passer un mois dans le même village de Provence. Les villas étaient voisines, les jardins séparés seulement par une haie.
Ils avaient leur arbre, un vieux cèdre situé au fond du parc de Claude. C'est là qu'ils passaient les heures chaudes du jour, souvent silencieux, à lire, à dessiner, à rêvasser; mais lire, dessiner ou rêver l'un sans l'autre, cette idée ne les aurait même pas effleurés...
Et, tous les jours, ils éprouvaient le même plaisir à se retrouver.

Extraits du Journal
(de l'année précédente) de Claude , qu'il a prêté à Jacques :

[janvier-février] Je vais avoir seize ans et je n'ai jamais eu de copains. Peut-être est-ce ma faute ? Suis-je trop exigeant ? [...]
J'aimerais un ami comme Dominique D. C'est un type un peu plus jeune que moi, blond, "pas comme les autres". Un peu distant. Je crois que je l'intimide. C'est assez marrant...

[28 février] Tous les matins maintenant, Domino m'attend à l'arrêt du bus, le soir nous rentrons ensemble, je descends avec lui et nous discutons longuement.
Un gars comme Domi ferait un copain formidable...
En face de lui, j'oublie complètement mon ennui et ma solitude puisqu'avec lui, il ne peut y avoir ni ennui ni solitude.

[18 mars] Je quitte Domi. [...] Je crois que Domi est lui aussi heureux d'être copain avec moi, mais il ignore qu'il m'apporte bien plus qu'une simple camaraderie. Parfois je voudrais le lui dire, mais j'ai peur de passer pour un idiot...
Ce soir, je suis seul à la maison, Domi devait rentrer. Mais ce n'est plus de la solitude. J'ai maintenant un ami, je viens de le quitter et je suis sûr de le retrouver demain.

Jacques découvrait ainsi un Claude qu'il n'aurait jamais soupçonné, prêt à se livrer tout entier, heureux de cette amitié toute neuve. J'ai maintenant un ami...
Il porta à nouveau les yeux sur le cahier. En mai, ces quelques lignes :

Domi a sûrement deviné beaucoup de choses, mais n'en a rien dit. Je l'apprécie, car je crois que c'est cela l'amitié véritable.

[Chez Dominique, qui relève de maladie. ]
DOMINIQUE, à Jacques. - Est-ce que... Est-ce que Claude parle de moi de temps en temps ?
- Oui et non, fit Jacques évasif. Tu sais...
Jacques réfléchit un moment avant de continuer.
- Tu m'as dit l'autre jour qu'il demeurait quand même ton copain...
- Oui, interrompit l'autre.
- Je crois bien que... lui aussi.
- Il te l'a dit ?
- Non. Mais j'ai bien l'impression que vous êtes en train de couper les cheveux en quatre pour une chose bien simple. Vous êtes aussi butés l'un que l'autre. Ça peut durer longtemps cette histoire. Vous allez continuer à vous regarder en chiens de faïence, alors que... Je ne peux tour de même pas vous prendre par la main et dire : Allez, embrasse le monsieur... parce que c'est du niveau Jardin d'enfants votre truc, chacun reste drapé dans sa dignité froissée.
Il parcourait la pièce à longues enjambées. Dominique se leva et vint vers lui.
- Tu es chic, dit-il...

[ Jacques réussit enfin à tirer définitivement au clair le malentendu qui les a séparés, par suite d'une trahison du père de Claude envers Dominique. Grâce à Jacques, les liens se renouent. La réconciliation officielle a lieu chez Jacques...]

DOMINIQUE. - Tu as dû me détester... me prendre pour le dernier des salauds...
- Jamais, Domi... je n'aurais pas pu, ajoute-t-il tout bas.
Claude s'approche du garçon et l'attire un peu contre lui, le secoue.
- Et toi, tu ne m'en veux pas...
Dominique répond par un sourire tout pareil... - La vie est belle.
- Puisque c'est fini, dit-il.
Jacques les regarde et se sent bizarrement exclu... Les deux parlent, parlent et paraissent l'avoir complètement oublié. Pour un peu il se retirerait et les laisserait à la joie de leur intimité retrouvée.
Brusquement, Dominique semble se souvenir de la présence de leur ami.
- Sans cet entêté, dit-il...
[...]
La porte s'est refermée, et le garçon demeure seul. Mission terminée, il a recollé les morceaux, comme il le disait, mais ça fait en lui un grand vide... Bien sûr ! il y a la joie des deux dont il se nourrit, mais c'est peu; et Jacques se demande avec angoisse si dans la vie il ne va pas être de ceux qui arrangent les peines des autres, de ceux qui raccommodent, ressoudent, et qui doivent se nourrir des bonheurs des autres...

[encore quelques lignes, et FIN.]


Si ces Pages d'Amitié ont intéressé, on en mettra d'autres, il y en a tant d'admirables !...

3 commentaires:

Marsupilami, Cyber agent de sécurité a dit…

Comme ces chats sont mignons... c'est les tiens ?

Zorglub a dit…

Non, c'est juste une photo "piratée" (avant qu'il ne soit trop tard...) sur la toile ! Mais je les veux bien...

Marsupilami, Cyber agent de sécurité a dit…

Aimer c'est aussi donner gratuitement... allez voir un peu plus bas sur le blog l'hommage que je fais à mes amis Coptes.

"Aimer, un acte politique" allez sur mon blog chrétien "la jeunesse attachée au Rite St Pie V" accessible de mon profil.