samedi 2 mai 2009

Menace sur les Petits Chanteurs à la Croix de Bois

Le chœur d'enfants le plus célèbre du monde, créé en 1907, se trouve aujourd'hui menacé de disparition, sous le prétexte de ne pas respecter le droit du travail ! En effet, la préfecture de l'Oise – où l’Association a son siège social – vient d'interdire les concerts tant que les Petits Chanteurs ne seront pas rémunérés. L'AFP signale aujourd'hui (2 mai) l'intervention du Gouvernement dans cette triste affaire.
Depuis 2008, un bras de fer est engagé avec l'État, qui veut soumettre le chœur d'enfants -- environ 90 garçons de CM1 jusqu'à la 3ème -- à la législation du travail, alors que l'Association estime que son action s'inscrit dans le cadre d'un projet de formation.
Dernière exigence en date : faire signer un contrat de travail entre la Manécanterie et chaque enfant : mesure qui menacerait d'étrangler financièrement l'Association, et que les parents refusent.

En conséquence, comme l'indique le communiqué joint (cliquer pour agrandir), le préfet de l'Oise n'a pas renouvelé l'autorisation aux Petits Chanteurs de se produire en concert. Celui qui était prévu le 29 avril en l'église St Vincent de Paul (Paris 10e) a donc été annulé ! Et la tournée prévue à partir du 13 mai en province, en Italie et en Suisse, a été suspendue.


Peut-on espérer une issue heureuse, tant la situation est absurde ?... Le problème de fond reste une assimilation primaire entre chant choral et travail, entre éducation et productivité. La directrice de l'association des Petits Chanteurs à la Croix de bois, Françoise Grobois, est claire sur ce sujet :

On nous considère comme une entreprise de spectacle, alors qu'on est avant tout une œuvre éducative (…). 90% du personnel se consacrent à l'enseignement du chant, de la technique musicale, et à l'encadrement des enfants, scolarisés et logés à la Fondation Eugène-Napoléon (Paris XII).

La situation financière n'est pas celle d'une boîte de production, mais celle d'une chorale :

Les P.C.C.B. assurent environ 120 spectacles par an, principalement dans les églises et dans de petites villes. Ils se produisent en outre régulièrement lors de tournées à l’étranger. Pour Alain Babaud, vice-président de l’association, le produit des concerts (20 € la place, gratuité pour les moins de 15 ans) finance les voyages de la chorale, et permet de diminuer le coût de la scolarité de moitié. Une rémunération des enfants (deux heures par concert, à raison de 80 % du smic) grèverait le budget du chœur, en ponctionnant 75 000 € sur une trésorerie de 110 000 €.

«Les parents sont les premiers à ne pas vouloir qu'on paie leurs gamins, signale Alain Barbaud. Sans concerts - conclusion agréable et joyeuse de notre travail de formation - nous ne pouvons plus vivre; sans disques non plus, mais dans une moindre part. Nous n'avons pas de structure financière solide, l'argent rentre et sort. Sans tournée, on nous coupe les vivres, et on nous tue !»


Cette interdiction est-elle un cas isolé ?

Avec les Petits Chanteurs de Saint-Marc à Lyon, rendus célèbres par le film Les Choristes, la formation parisienne est la seule à connaître ce genre de problèmes administratifs. Le chœur lyonnais a d’ailleurs gagné devant les tribunaux le procès qui l’opposait à la Direction départementale du travail. Celle-ci estimait qu’il fallait reconnaître le caractère professionnel de son activité. Pour Jean Henric, président de la Fédération des Pueri cantores, qui rassemble 3 000 jeunes chanteurs, cette popularité n’est pas étrangère à ces tracas. Il appelle de ses vœux l’harmonisation des statuts, afin que les chœurs d’enfants soient considérés « comme une école de vie avant tout, et non comme un métier ».

2 commentaires:

Zorglub a dit…

Les Petits chanteurs à la Croix de bois vont pouvoir reprendre leur tournéeMardi 12 mai, Brice Hortefeux a annoncé qu'une réunion s'était tenue au ministère du Travail avec le président de l'association du chœur, un représentant du ministère de la Culture et le préfet de l'Oise.

Il se félicite de l'accord conclu lors de cette réunion, qui a permis de trouver une solution respectueuse de la législation du travail et adaptée à la tradition de cette manécanterie qui contribue au rayonnement culturel de la France au plan national et international.

Le ministre du Travail a précisé que le chœur pourra reprendre sa tournée dès demain en vertu d'un arrêté du préfet de l'Oise précisant les conditions de participation des enfants.

Zorglub a dit…

Les Chanteurs à la Croix de bois étaient censés être une association de bénévoles ???
Devra-t-on aussi faire un contrat de travail pour les enfants de chœur, les jeunes sportifs... ??!!