Une eau encore trouble
Bernadette récite le chapelet, en extase, comme d'habitude, puis elle remet à Eléonore Pérard, sa voisine, le cierge et son capulet blanc; elle reprend le geste interrompu la veille : elle grimpe à genoux la pente qui s'élève jusqu'au bout de la grotte. De temps à l'autre elle baise la terre. Son agilité sans effort est surprenante sur ces cailloux. On lui fait place. On guette ce qui va se passer. Bernadette est arrivée sous la crevasse béante de la voûte : cette cheminée verticale qui communique avec la niche de l'apparition. Elle s'arrête. Ses lèvres remuent. Mais comme toujours, en ces conversations ouvertes sur un autre monde, on n'entend pas le son de sa voix. Bernadette semble acquiescer. Puis, la voilà qui s'en retourne, toujours à genoux, vers le Gave. Là, quelque chose l'arrête. (...) Inquiète, elle redescend regarde avec répugnance le sol boueux saturé d'eau, jette un coup d'oeil embarrassé sur la cavité, gratte le sol de sa main droite, forme un petit "clot" comme on dit à Lourdes. Dans ce creux elle puise une sorte de boue rougeâtre, la porte vers son visage, la rejette avec dégoût, recommence. Elle voudrait boire de cette eau sale, mais sa répugnance est plus forte. Elle n'y parvient qu'à la quatrième fois. Elle mange ensuite des herbes à feuille lobées qui poussent du fond de la grotte : de la dorine.
Que fait elle ? (...)
Elle est folle ! murmure-t-on.
(...)
- Aquero m'a dit :
Allez boire à la fontaine et vous y laver.
(...)
Vie de Bernadette. R. Laurentin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire