dimanche 13 mai 2007

Ste Jeanne d'Arc (Fête nationale)

En nom Dieu, les gens d'armes batailleront, et Dieu donnera la victoire.

Jeunesse de Fidélité, Jeunesse pour Dieu : tel est le thème de l'année 2006/2007 à Juventas Christi. Quelle plus belle illustration en donner que la vie de Ste Jeanne d'Arc, qui reçut l'appel de Dieu à 13 ans, et vécut la plus héroïque Aventure humaine et spirituelle entre 17 et 19 ans... dans une fidélité absolue au Seigneur, à qui, en mourant, elle confie son âme dans l'ultime prière...


Prologue: La grande pitié qui est au royaume de France...

Tout semblait perdu : déchirée par les factions, la France, épuisée, paraissait agoniser lentement... Outre la Guyenne, l'Anglais, avec son allié Bourguignon, occupait toute la partie du royaume entre Loire et Belgique, il était maître de Paris: seuls subsistaient quelques ilots de résistance, comme le Mont-St-Michel. L'ennemi assiégeait Orléans, verrou de la zone libre... Par le Traité de Troyes de 1420, Henry V d'Angleterre aurait dû devenir roi de France après Charles VI, le roi fou, s'il n'était mort fort opportunément avant lui en 1422 (obstinée, Albion la perfide fera couronner son jeune fils Henry VI roi de France et d'Angleterre à Notre-Dame de Paris, au milieu d'une populace en liesse). Le chef de l'Etat légitime, le dauphin Charles (futur Charles VII) n'est qu'un prétendant sans pouvoir, nommé par dérision le petit Roi de Bourges, sa "capitale"... Il ne peut être sacré roi: Reims est aux mains des Anglois !

Acte I: Vocation de Jeanne

Mais le Bon Dieu veillait... Préparant le terrain, dès 1398, une mystique, Marie Robine, prophétise à Charles VI la venue prochaine d'une jeune fille en armure qui délivrera le royaume de France, prédisant aussi les principaux hauts faits qu'elle réaliserait. Une ancienne prophétie, attribuée à Merlin, disait déjà que des marches de Lorraine, viendrait une jeune fille , aux heures de détresse, sauver la France par faits miraculeux.

Alors commence l'histoire si émouvante d'une petite Fille de France, Jeanne la Lorraine ! Pour relever Son royaume de prédilection sur la Terre, Dieu se penche vers un humble village, Domremy, ainsi nommé en l'honneur de l'évêque qui baptisa Clovis, et la France avec lui: de dynastie en dynastie, le destin de la France est un...
Un jour d'été de juillet 1425, à Domremy, au jardin de son père, environ l'heure de midi, la petite Jeannette (elle a 13 ans) se voit environnée d'une grande lumière, et un ange lui apparaît, le plus beau, l'Archange protecteur de la France, St Michel qui a fief au péril de la mer, accompagné d'une foule d'anges; il annonce à Jeanne pour la première fois la triple mission que le Ciel lui propose pour secourir le royaume, au nom de Jésus, vrai Roy de France: délivrer Orléans, faire sacrer le Dauphin à Reims, et bouter les Anglais hors de France... Effrayée au début, Jeanne fut ensuite émerveillée par la vision céleste; les Anges allaient se retirer, alors elle aurait tant voulu qu'ils l'emportent avec eux, que la petite fille se mit à pleurer...
Jeannette n'en revient pas de sa stupeur : elle n'est qu'une bergerette illettrée, qui ne sait pas même encore monter à cheval... est-ce qu'on a idée, mon Dieu, d'inviter une pauvre enfant de 13 ans à sauver le royaume ! Si elle avait raconté cela à son père, il l'aurait noyée, pour sûr !

Jeanne ne sait pas grand'chose, non : mais elle est vive, sensible, intelligente, elle est pieuse et charitable, et surtout, elle a la Foi ! Ste Catherine et Ste Marguerite viendront aussi la visiter ensuite, pour la soutenir et la conforter. Alors, en dépit de l'apparente impossibilité humaine de l'entreprise, cette âme droite et simple dit oui au Seigneur, sûre de la victoire finale puisque Dieu le veult !


Actes II-III: Jehanne, Chef de guerre, ressuscite la France


Et, en février 1429 (Jeanne a 17 ans), s'engage l'épopée fulgurante qui va réaliser les prédictions ! Pouvant enfin obéir à ses voix, Jeanne part le 13 de Vaucouleurs, poche de résistance fortifiée à l'est de la Bourgogne, où, selon le conseil pressant de ses voix, son oncle l'a envoyée plaider sa cause auprès du sire de Baudricourt, qui l'a nantie d'une escorte : "Va, va et advienne que pourra !"
Il y a 470 kms de Vaucouleurs à Chinon; une bonne moitié à travers les positions anglo-bourguignonnes. Après une chevauchée périlleuse mais sans mauvaise rencontre, les sept cavaliers composant la petite troupe arrivent le 22 février à Ste-Catherine-de-Fierbois, lieu de pèlerinage entre Loches et Chinon. Jeanne va se recueillir dans l'église où, derrière l'autel, est enterrée l'épée marquée de cinq croix au pommeau avec laquelle, pense-t-on, Charles Martel battit l'avant-garde sarrasine qui menaçait Tours, cité de St Martin : retrouvée grâce à ses Voix, ce sera l'épée de Jeanne; elle restera sans tache, frappant sans blesser... Jeanne envoie un message au dauphin Charles, lui annonçant son arrivée. Enfin, quelques jours plus tard, elle rejoint à Chinon le gentil Dauphin, qu'elle n'a bien sûr jamais vu, mais que pourtant elle reconnaît immédiatement dissimulé dans la foule des courtisans. Grâce au succès de cette première épreuve, et à bien d'autres signes encore, sa mission est considérée et prise au sérieux.

À la tête d'une petite armée de secours de 7.000 hommes environ, accompagnée de prêtres chantant le Veni Creator, elle part accomplir la première partie de sa mission: délivrer Orléans. Le 29 avril, tandis que le gros de l'armée retourne défendre la plaine, elle pénètre habilement dans la ville avec un convoi de ravitaillement fluvial, accompagnée de 200 lances seulement, à la faveur d'une providentielle volte-face du vent. Jeanne y fait son entrée officielle le même soir, à la lumière des torches, en armes sur son cheval, portant sa bannière immaculée où sont inscrits les deux noms: Jésus, Marie ! Elle est reçue dans l'allégresse générale, "comme un Ange de Dieu", aux acclamations de la foule enthousiaste.
Son action militaire sera continuellement guidée par ses Voix, contre l'avis même parfois des capitaines français. Et quel chahut (c'est son propre mot) elle va mener aux Anglais ! Après plusieurs sorties à la tête de ses troupes, elle oblige l'ennemi à s'enfermer dans les bastilles dont ils ceinturaient la ville : l'assiégeant se retrouve assiégé ! Le 7 mai, après la messe, commence l'attaque de la dernière bastille. Jeanne, qui participe elle-même à l'action en montant à l'assaut des murs, est blessée d'une flèche à l'épaule, ainsi que ses voix l'en avaient avertie. Le soir venu, les assaillants français, épuisés, inclinent Dunois, défenseur de la Cité, à sonner la retraite. Demeurée à l'écart pour se reposer et prier, Jeanne voit cela: elle agite sa bannière, donnant par là le signal d'un ultime assaut. Le capitaine anglais qui commande la bastille tombe des murailles et se noie; la bastille est prise. Les liaisons sont rétablies entre Orléans et le sud de la Loire. Le lendemain, 8 mai 1429, qui est un dimanche, l'armée anglaise se range en ordre de bataille dans la plaine: mais Jeanne refuse le combat. Alors le chef anglais, John Talbot, comprend qu'il n'a plus rien à faire ici : il lève le siège et se retire. La nouvelle de cette victoire éclatante se répandit à travers tout le pays, et le peuple, retrouvant l'espérance, se prit à croire très fort à Jeanne et à sa mission divine.

Volant de succès en succès, Jeanne défait ensuite l'occupant successivement à Jargeau, Meung, Beaugency, et surtout Patay (18 juin); elle prend Auxerre, Troyes, Châlons, ouvrant ainsi la route de Reims où, le 17 juillet 1429, Charles peut enfin être sacré solennellement, Jeanne, en chevalier, rayonnante, debout à ses côtés l'oriflamme au poing : la deuxième partie de sa mission s'achève glorieusement.
Effet tangible de cet acte qui légitimait le souverain, une trentaine de cités lui font allégeance, dont Laon, Soissons, Château-Thierry. Pourtant, après l'apothéose du sacre, Jeanne pressentit que tout ce qui pouvait relever du miracle était accompli: sa mission terrestre semblait achevée. Son rêve eût été de conduire le Roi à Paris, restée aux mains du régent Bedford et de ses alliés. En même temps, elle pousse Charles VII à négocier secrètement avec le duc de Bourgogne, pour réaliser l'union de tous les Français contre l'étranger. Mais, autour du roi, les dissensions se font jour, l'intrigue se développe, l'indécision gagne... Le 8 septembre 1429, Jeanne est blessée en tentant de reprendre Paris... Trahissant le courage, les politiques s'ingénient à détourner l'ardeur guerrière de Jeanne vers des objectifs secondaires. En octobre, elle subit un nouveau revers à La Charité-sur-Loire...


Actes IV-V: Passion de Jeanne

Le 22 avril 1430, durant la Semaine sainte, près de Melun, Jeanne reçut de Ste Catherine et Ste Marguerite l'avis secret que bientôt elle serait prisonnière: Ainsi faut-il que ce soit: veuille que tout prenne en gré, Dieu t'aidera !
Jeanne put encore libérer Compiègne... ce fut son chant du cygne: le 23 mai, suite à une trahison, elle est capturée devant cette ville par les Bourguignons, puis vendue aux Anglais le 21 novembre 1430, non sans avoir tenté par deux fois de s'évader. La miraculeuse épopée militaire de Jeanne n'aura duré qu'une année...

Jeanne est jugée à Rouen en 1431, par un tribunal ecclésiastique à la solde des Anglais. Ses réponses aux juges saisissent le coeur par leur bon sens et leur netteté, dont découle leur force rayonnante : il faut lire le Procès de Jeanne d'Arc transcrit sous forme scénique par Robert Brasillach, qui a conservé les paroles mêmes de Jeanne.
Condamnée au bûcher comme hérétique, relapse, apostate, idolâtre, elle meurt brûlée vive à Rouen, sur la place du Marché, le 30 mai 1431; elle n'avait que 19 ans... Avant de mourir, elle s'écrie plusieurs fois, d'une voix forte: Jésus ! presque tous les assistants pleuraient de pitié.


Epilogue: Gloire posthume de Ste Jeanne d'Arc

Vingt ans seront encore nécessaires pour bouter définitivement les Anglais hors de France: mais l'élan était donné ! comme Notre-Seigneur en mourant sur la Croix délivre les Hommes, le sacrifice de Jeanne, rachetant la France, est déjà le signal que le pays est sauvé... Nous sommes perdus, nous avons brûlé une Sainte ! , tel est le cri d'effroi de beaucoup d'Anglais après le supplice.
Tout de suite la ferveur populaire considère en effet Jeanne comme une Sainte. L'Eglise aura beaucoup plus de mal : sans doute lui fallait-il faire en quelque sorte repentance... à bon escient cette fois !! Après un procès de réhabilitation dès 1456 pourtant, le procès de canonisation ne fut ouvert qu'en 1894. Déclarée vénérable cette même année, Jeanne fut béatifiée en 1909, puis définitivement canonisée le 16 mai 1920, sous le pontificat de Benoît XV; la cérémonie officielle eut lieu le 30 mai 1920, anniversaire de son martyre. Pie XI la proclama Patronne secondaire de la France le 2 mars 1922.
Pour ne pas être en reste, le Parlement français décide d'honorer Jeanne en décrétant, le 9 mai 1920, que sa fête serait une Fête nationale; elle se célèbre le jour anniversaire de la délivrance d'Orléans, fixé au deuxième dimanche de mai (le 13 en 2007), date choisie dès 1894 par le Sénat précurseur de la loi.
La canonisation de Ste Jeanne d'Arc coïncide, à quelques semaines près, avec la fondation officielle du scoutisme catholique français par le R.P. Sevin: est-ce un hasard ?... toujours est-il qu'un certain nombre de troupes scoutes, de la Tradition ou non, l'ont choisie pour Patronne. Peu de saints occupent une place aussi forte dans la mémoire collective des Français que la glorieuse petite sainte de Lorraine, héroïne nationale...


Sainte Jeanne d'Arc, priez pour la France !

Bonne fête aussi aux Lorraine passées par le Chapitre ou ayant avec lui des liens de famille: Ste Jeanne d'Arc est leur Patronne...

[Rédigé en pensant à une petite Lorraine, toute fraîche Guide
dans une Troupe... Ste Jeanne d'Arc !]

3 commentaires:

Anonyme a dit…

trés interessant.... ! Je relirai tout ceci ce we à tete reposer !

Zorglub a dit…

Ben, v'là le ouaibemestre qui donne dans le sérieux, maintenant ? j'y crois pas... Mais où allons-nous !!! Enfin, il a une excuse : c'est en l'honneur de Ste Jeanne d'Arc, tout de même...

Anonyme a dit…

J'en profite pour vous conseiller un roman historique inattendu sur Jeanne d'Arc : Jeanne, Messie de France par Violette aux Editions Godefroy de Bouillon. Elle y est présentée d'une manière magistrale dans son combat mystique. A lire sans hésiter, vous serez enthousiasmé. Bonne lecture